C'est la première fois en six ans que les Libanais ont l'occasion de s'exprimer dans les urnes face à la classe politique traditionnelle du pays, accusée de corruption et d'incompétence. Les élections municipales ont débuté dimanche 8 mai à Beyrouth et dans deux gouvernorats de la région de la Bekaa, dans l'est du Liban.
Ces élections, qui se poursuivront jusqu'au 29 mai dans les cinq autres provinces du pays, se tiennent dans un pays sans président depuis deux ans, souffrant d'un Parlement paralysé par des divisions politiques exacerbées par le conflit en Syrie voisine.
La grande nouveauté de cette élection est l'apparition d'une liste formée de 24 candidats indépendants, Beirut Madinati ("Beyrouth est ma ville", en arabe). Elle compte des employés, des enseignants, des journalistes, des pêcheurs et des artistes, comme la célèbre réalisatrice Nadine Labaki ("Caramel", "Et maintenant on va o๠?"), et défie celle des politiciens traditionnels comme l'ex-Premier ministre Saad Hariri, dont le parti Courant du Futur domine généralement la municipalité de Beyrouth.
Jusqu'à présent, les listes pour les municipales étaient concoctées par les partis traditionnels souvent dirigés par d'anciens seigneurs de la guerre civile (1975-1990). Les mouvements de la société civile ont pris de l'ampleur après la "crise des ordures", qui a exposé au grand jour en 2015 l'inaction des dirigeants, dénoncée dans des manifestations non partisanes inédites.
Malgré la présence de cette nouvelle liste, la participation a été faible au cours de la journée dans la capitale libanaise o๠seulement 20 % des électeurs sont allés voter. Le taux était beaucoup plus important dans les deux gouvernorats de la Békaa o๠le Hezbollah est très influent, avoisinant les 50% selon le ministère de l'Intérieur.
Le Liban souffre d'une déliquescence des infrastructures et des services publics avec de graves pénuries d'électricité et d'eau potable. Les Beyrouthins suffoquent dans les embouteillages qui paralysent une ville mangée par le béton et manquant d'espaces verts.
L'accumulation de tonnes de déchets après la fermeture de la principale décharge du pays l'été dernier et l'incapacité des deux camps rivaux participant au gouvernement à résoudre ce problème ont suscité un ras-le-bol inédit.
Sources : France 24, AFP